Le Cygne et le Cuisinier

"Dans les dangers qui nous suivent en croupe,
Le doux parlé ne nuit de rien."


Fiami a partagé cette fable avec des enfants au Musée de la Fondation Martin Bodmer (sous le regard de Dante peint par Boticelli).

La fable manuscrite et colorée
par Fiami

Le Cygne et le Cuisinier
par jean de La Fontaine

 

Dans une ménagerie
De volatiles remplie
Vivaient le Cygne et l'Oison :
Celui-là destiné pour les regards du maître ;
Celui-ci, pour son goût : l'un qui se piquait d'être
Commensal du jardin, l'autre, de la maison.
Des fossés du Château faisant leurs galeries,
Tantôt on les eût vus côte à côte nager,
Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger,
Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies.
Un jour le Cuisinier, ayant trop bu d'un coup,
Prit pour Oison le Cygne ; et le tenant au cou,
Il allait l'égorger, puis le mettre en potage.
L'oiseau, prêt à mourir, se plaint en son ramage.
Le Cuisinier fut fort surpris,
Et vit bien qu'il s'était mépris.
"Quoi ? je mettrois, dit-ilj un tel chanteur en soupe !
Non, non, ne plaise aux Dieux que jamais ma main coupe
La gorge à qui s'en sert si bien! "
Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
Le doux parler ne nuit de rien.


Le Cygne pris pour l'Oie
par Esope

 

Un homme opulent nourrissait ensemble une oie et un cygne, non point pour le même objet, mais l’un pour son chant, l’autre en vue de sa table. Or lorsque l’oie dut subir le destin pour lequel on l’élevait, il faisait nuit, et le temps ne permettait pas de distinguer les deux volatiles. Mais le cygne, emporté à la place de l’oie, entonne un chant, prélude de son trépas. Sa voix le fit reconnaître et son chant le sauva de la mort.

Cette fable montre que souvent la musique fait ajourner la mort.

 

 
Odes, III, 1, vers 39-40 
par Horace


La crainte et les menaces le suivent là où il va ; le noir souci monte sur sa trirème à proue d'airain, ou chevauche derrière lui.